Six mois que je suis parti. J'ai quitté ma maison de Sainte-Sophie le 20 décembre 2008, au solstice d'hiver. Deux saisons. Bon temps pour continuer mon bilan.
Je partais pour passer 40 jours dans le désert, suivant une vision que j'avais eue: isolé dans le désert, confronté à moi-même, j'allais vivre une transformation telle que je saisirais mieux la véritable nature de la réalité, en dehors de toutes les théories que j'ai apprises, celles-ci s'étant dissoutes avec le passage des jours et par l'effet de la solitude et du dénuement extrême dans lequel je me trouverais. Je ressortirais du désert, illuminé, et je transmettrais, à travers le monde, par des conférences et des écrits, ce que j'aurais compris.
Une fois la vision entrevue, j'ai commencé à construire dessus, d'y accoler des mots, pour la préciser, avec mon esprit. Combien de temps y passer? Pourquoi pas quarante jours, comme le Christ? Quelle serait la nature de mon message? Un aperçu réaliste du pouvoir de la pensée. Depuis plusieurs années, les livres qui enseignent que nous pouvons modifier notre vie foisonnent comme, par exemple, Le Secret. Mais j'avais des doutes. Ces livres souvent enseignent, plus ou moins, comment devenir riche, comme si c'était significatif de le devenir alors que je crois que notre bonheur ne dépend pas du matériel, qu'il trouve sa source en nous et que l'objectif de tout être humain (le mien, tout du moins) est de pouvoir être heureux, indépendamment des circonstances de notre vie.
En accordant tant d'importance au matériel, ces livres condamnent-ils le lecteur à poursuivre un but qui ne le mènera pas au bonheur?
Un autre aspect me gênait. Le lecteur pourrait croire que s'il est pauvre, c'est de sa faute, que c'est parce qu'il ne maîtrise pas ses pensées. Que penser de ce message lorsque les gens vivent dans des pays en guerre ou dans des terres où sévit la famine? Peut-on expliquer les massacres du Darfour ave Le Secret? C'est faire fi de la politique et du système économique qui nous régit. Et qu'en est-il de la pensée collective, de l'effort collectif?
Ces livres enseignent finalement l'individualisme. Il me semble qu'ils justifient les iniquités sociales du capitalisme par des raisons spirituelles, entravant ainsi l'effort des gens qui croient au socialisme, au communisme et à l'anarchisme, en invalidant leurs méthodes qui passent par le souci du collectif. Un peu trop facile à mon goût, un peu trop procapitaliste.
Y aurait-il une autre manière de croire à la puissance de la pensée, tout en l'appliquant à l'effort collectif? C'est à la recherche d'une réponse à cette question que je suis parti.
Je l'ai trouvée... en partie. C'est au cours de ce voyage que j'ai vu le film qui montre des activistes politiques qui défendent des droits humains, soutenus par leur vie spirituelle. Il existe un mouvement mondial qui appuie ces personnes. Pourrais-je m'y joindre?
Donc, je résume. Je suis allé dans le désert (même si je ne me suis pas isolé) et j'ai trouvé une réponse à ma question sur l'intégration du spirituel au politique.
Ais-je atteint mon but? Je ne sais pas. Je ne crois pas. Je crois que je dois toujours aller vivre cette expérience de 40 jours. Mais si c'est vraiment ce que j'ai à faire, les choses se mettront en place pour que ça arrive.
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